Dans la musique de Schubert, le piano seul occupe une place de choix, la deuxième dernière le lied, la première en musique instrumentale. La proximité avec le monde du lied est marquée, tant sur le plan de l'écriture, souvent à trois voix, que de par le caractère circulant de certains motifs (le rythme dactylique du Wanderer par exemple). Les pièces courtes (Impromptus et Moments musicaux) consacrent un genre pormis à un très belle avenir avec Schumann et Brahms. Les sonates sont rarement présentées de manières intégrales (nombre d'entre elles sont d'ailleurs restées inachevées), elles offrent pourtant un bonheur permanent, tant à l'auditeur qu'à l'interprète. Parmi ceux-ci, on citera Serkin et Arrau qui ont tant fait pour Schubert (après l'aïeul Schnabel), et, plus près de nous, Brendel, le plus grand serviteur de cette musique.
Cette
sonate en la majeur est parfois appelée "la petite", en référence à la
monumentale sonate D959 dans la même tonalité. Ce surnom ne doit pas la
faire ignorer, car il s'agit d'une vraie merveille. Schubert s'y montre
inhabituellement détendu et heureux, même si les ombres ne sont jamais
loin : le choc de la maladie ne viendra qu'après. On ne sera que
davantage touché par la douceur de ce printemps qui ne retrouvera plus
cette innocence.
Elle est en trois mouvements peu développés. Le
premier temps comble l'auditeur par la plénitude de son lyrisme, tout
n'y est que chant. Le mouvement lent est le joyau de l'oeuvre, une des
plus belles inspirations de son auteur. Le thème est d'une déroutante
simplicité, d'une tendresse rêveuse dans son balancement à trois temps.
La beauté naît d'un art souverain des modulations, qui varie sans cesse
l'éclairage des accords richement harmonisés, tantôt c'est la douce
lumière du soir, tantôt voici les ombres et les inquiétudes. Le
mouvement s'achève dans un clair-obscur mélancolique. Le finale chasse
ces ombres avec un ton résolument populaire et joyeux, concluant
l'oeuvre par un exquis sourire.
On écoutera cette sonate avec Arrau (Philips).
Les
temps ont bien changé depuis le bonheur de la sonate en la majeur.
Schubert a définitivement perdu la santé. Cette sonate, de ce point de
vue oeuvre soeur de la ballade "Le Nain" et de la symphonie
Inachevée, en porte la marque : jamais la dualité entre la
noirceur du quotidien et le rêve inacessible n'a été aussi franche.
L'opposition entre les thèmes est ici saisissante dans les mouvements
extrêmes. Le motif initial du premier mouvement, simple ligne
descendante présentée aux deux mains à l'unisson, sans accompagnement,
est volontairement décharné, sans charme mélodique. Le deuxième thème
est un chant richement harmonisé et scandé, qui semble peu à peu
s'effacer dans le brouillard. Après un développement féroce, il
concluera pourtant le mouvement. Le chant éperdu du mouvement lent est
toujours renvoyé à un étrange motif dans la basse (on retrouvera un
procédé similaire dans la sonate D960) qui en souligne le caractère
inquiet. Le dernier mouvement fonce dans la nuit, interrompu par
endroits par un deuxième thème lumineux comme une trouée dans un nuage
d'orage.
Brendel est ici incontournable.
Cette
sonate a un temps été considérée, à tort, comme la dernière de
Schubert, ce qui lui a donné son surnom étrange. Ses troisième et
quatrième mouvements demeurent inachevés, et n'ont d'ailleurs pas le
même niveau que les deux premiers, auxquels la plupart des interprètes
se cantonnent donc à raison. Même en l'état, elle demeure un chef
d'oeuvre prophétique.
Le premier mouvement est d'une large
envergure : non seulement par sa longueur, mais le caractère très
symphonique des thèmes. Le premier thème a une allure conquérante,
malgré une seconde phrase tendre un peu dépressive. Le second thème,
une des plus belles inspirations du piano schubertien, chante sur tous
les registres sur le rythme du destin de la cinquième symphonie de Beethoven. Il reviendra à la phrase tendre de conclure.
Le
second mouvement, en ut mineur, raconte une légende sur fond de paysage
désolé, suggéré par une utilisation géniale des silences, qui font
monter la tension sans jamais interrompre l'élan du morceau. Le
deuxième thème déploie de ses magnifiques contrechants dans une
invention toujours renouvelée, avec d'habiles clair-obscurs permettant
par deux fois le retour du premier thème, qui conluera avec ses
silences de plus en plus pesants.
Pour l'écouter, on choisira Brendel encore et toujours.
A son relatif mineur, elle est incontestablement liée à la précédente, il n'est besoin pour s'en convaincre que d'écouter le début des deux premiers mouvements : même structure, même rythme, même sens de l'avancée... mais ici tout est lugubre, morbide. La citation, dans le premier mouvement, du lied Totengräbers Heimwehe (Nostalgie du fossoyeur), D. 842, ne fait que renforcer cette impression. Le second mouvement sera plus aéré, chorégraphique même, ainsi que le scherzo, à l'ambiance et à la nostalgie quasiment hongroise. Mais le finale ne laisse plus la moindre ouverture ni la moindre place au rêve.
Voici une oeuvre inhabituelle : Schubert heureux ! Heureux d'un beau
séjour dans les Alpes à Gastein, qui nourrit sa musique d'échos et de
cors alpestres. Un Schubert inhabituellement virtuose aussi , dans la
lignée de la sonate Waldstein de Beethoven (avec le même numéro d'opus, ce n'est peut-être pas un hasard).
Reste qu'après deux mouvements grandioses, le scherzo se conclut déjà
dans les nuages... quant au merveilleux Finale, qui était pour le grand
Claudio Arrau au soir de sa longue vie le dernier mot de
l'interprétation,sa naïveté si touchante et sa conclusion dans un rêve éveillé appartiennent au Schubert le plus bouleversant.
C'est peut-être la plus belle sonate de Schubert, une pure merveille. Liszt,
qui la chérissait, la qualifiait de poème virgilien. On ne pourrait
mieux dire : c'est en poète qu'il faut jouer et écouter cette oeuvre
peindre dans un souffle immense d'immenses paysages.
Le souffle : c'est bien ce qui frappe à l'énoncé du thème du premier mouvement, un thème long, flottant dans les airs (Bruckner
s'en souviendra), cherchant d'un puissant coup d'aile à s'élever vers
le soleil. Celui-ci illuminera les deux autres thèmes, dans une
excitation grandissante. Le retour du premier thème à la fin de
l'exposition, inusité dans une forme sonate, justifie le surnom de
l'oeuvre. Le développement, intensément dramatique, révèle l'autre
visage, à peine entrevu, du premier thème : le voici à présent,
fortissimo, noir et tourmenté, smeblant vouloir embrasser toute la
misère du monde. La transition vers la réexposition et le retour à la
paix anticipe celle de la sonate D960. La coda est magnifique : le
thème s'en va, encore plus somptueux et doux, dans une mélancolie
infinie.
Le mouvement lent est encore un parfait exemple de
l'alternance entre un premier temps rêveur, tendre et chamarré, et un
deuxième temps sombre et brutal. Le troisième mouvement reprend ce
schéma en l'inversant : c'est à l'épisode central que revient
l'évocation du rêve, pour peut-être le moment de grâce le plus magique
de cette oeuvre. Le finale déborde littéralement d'imagination. A un
premier thème, d'allure populaire et rustique, suit un deuxième,
profusion de voix chantantes entremêlées, dans un enchaînement qui ne
semble pas vouloir trouver de fin. Dans le développement, une phrase
admirable, d'une beauté ensorcelante dans sa simplicité, d'abord en
mineur, puis, après une bourrasque, dans un majeur irréel, montre
soudain, à travers les strates de cette oeuvre heureuse, le drame du
Wanderer et de ses dactyles. A la fin, le thème initial s'échappe dans
les airs et s'évapore dans un merveilleux sourire.
On chérira
Brendel (Philips). Cette sonate a donné lieu à l'un des derniers
enregistrments d'Arrau (Philips) : un piano certes bien lent, mais ô
combien magnifique ! On évitera Richter, comme trop souvent fourvoyé
dans Schubert.
La
marche du Wanderer s'interrompt sur cette trilogie de sonates pour
piano. On ne les joue guère ensemble au concert (il existe cependant
une indispensable vidéo de Brendel), sans doute parce que cela
prendrait près de deux heures : pourtant, la chose est encore plus
pertinente que dans le cas des trois dernières sonates de Beethoven.
Ut mineur, la majeur, si bémol majeur : nuit, jour, crépuscule. Les
climats de chacune de ces sonates semblent cautionner cette analogie
facile, tandis que l'unité est garantie par des retours ou des
analogies thématiques (par exemple le thème du finale de la D.
958 revient dans celui de la D.960). Schumann,
grand défenseur de Schubert, n'aimait guère ces sonates, dans
lesquelles il voyait un Schubert atteint par la maladie (ce que les
biographes démentent). Il est vrai que l'écriture, d'une simplicité et
d'une transparence éthérée, peut dans les nombreux moments d'angoisse
paraître étrangement squelettique.
En plus de la vidéo de
Brendel citée plus haut, on mentionnera les enregistrements suivants :
Serkin pour la D959 et la D960 (Sony : en revanche, cet immense
pianiste n'a guère marqué la D958) ; Arrau pour la D958 et la D960
(Philips), sa D959 est en revanche trop chargée) ; Brendel (Philips).
Je suis en revanche, mais c'est affaire de goût, totalement allergique
à Richter, au son ingrat et toujours trop lourd.
La
sonate D.958 est vouée à la nuit : mais pas une nuit étoilée, sereine,
propre à la méditation ! Il s'agit d'un monde tourmenté, peuplé de
créatures inquiétantes et macabres, où sourd l'inquiétude de la folie,
une oeuvre ascétique, désespérante, à l'écriture rêche.
On l'a
dit beethovénienne, ne serait-ce que par la choix de la tonalité
emblématique de la cinquième symphonie du maître de Bonn : c'est vrai
du le thème du premier mouvement, menaçant, tendu (trop même pour une
exposition chez Beethoven, qui réservait habituellement de telles
explosions à ses développements). Mais il retombe immédiatement, se
referme sur lui-même sans progresser ; ce schéma circulaire,
obsessionnel, est propre à Schubert et annonce Schumann. Le deuxième
thème tentera une brève éclaircie, avant de s'assombrir à son tour et
conduire à une catastrophe. Le développement ne garde que peu de liens
avec ce qui précède : le climat tonal se fait incertain, l'espace
sonore est parcouru, tantôt dans le grave, tantôt dans l'aigu,
d'étranges figures, telles des hallucinations de demi-sommeil. La coda
reprendra ce passage, cette fois bien ancré en ut mineur, avec une
citation fugitive au lied "Le Roi des Aulnes", achevant de lier ce
mouvement au monde des esprits.
Le deuxième mouvement, le seul
adagio dans la musique instrumentale de Schubert, est un chant grave,
austère, rappelant le lied "L'auberge" (c'est-à-dire le cimetière) du
Voyage d'Hiver, entrecoupé de deux rafales d'accords sourds. On en
admirera l'effet : pour chaque rafale, à la suite d'un crescendo, le
maximum d'intensité dramatique est obtenu par l'absence d'un fortissimo
attendu, et le retour au silence.
Le troisième mouvement passe comme
un fantôme, avant le finale prodigieux. Danse macabre, noire
chevauchée, d'une longueur insensée, ce mouvement est le frère du
finale du quatuor "La Jeune Fille et la Mort". Sur une batterie de
triolets à la main gauche, le thème rapeux à souhait (il présente une ressemblance étrange avec le finale, gai celui-là, de la sonate opus 31 n°3 de Beethoven), parcourt la
partie aigu du clavier jusqu'à une bruque pause en accord puissants ;
un deuxième épisode s'installe, au rythme obsédant, passe de tonalités
en tonalités avant une avalanche de gammes. Le développement reprend le
thème en majeur, comme si le Roi des Aulnes tentait une nouvelle
séduction ; avant de reprendre son vrai visage, et de courir jusqu'à
l'effondrement final.
La
sonate en la mjeur D959 est la plus longue sonate de Schubert (la
suivante n'est toutefois que de peu plus courte). Autant la précédente
sonate était placée sous le signe de la nuit, autant celle-ci baigne
dans le soleil. Attention toutefois : le Voyageur parcourt ici des
paysages bienheureux dans l'éclatante lumière du printemps, mais les
bosquets fleuris cachent parfois un charnier.
Le premier
mouvement s'ouvre par un thème altier, martial même, mais dont la fin
légèrement dépressive souligne le caractère velléitaire : la musique de
Schubert n'est pas celle de l'action, elle est au plus celle du rêve
d'action, toujours illusoire. Le deuxième thème, à l'aigu de
l'instrument, s'installe d'emblée dans le rêve. Curieusement, un
développement prend place ici, dès l'exposition : la scansion du
premier thème entame alors une progression implaccable, menant vers une
première vision d'horreur, stoppée nette par un silence béant. La
musique revient alors au sourire du deuxième thème, glissant comme par
inadvertance une troisième idée, insignifiante à première vue. C'est
pourtant sur elle seule que sera construit le développement. Les
modulations la transforment sans cesse, nous menant de la campagne
printanière au désert le plus désolé. La réexposition sera régulière.
Mais il appartiendra à la coda de faire entendre le premier thème sous
son véritable jour : devenu presque immatériel, il se dissipe peu à peu
dans le silence, comme une vision qui s'efface.
Le deuxième
mouvement entonne un chant désolé, au rythme hypnotique : tout est fixe
dans ce morne paysage d'hiver. Si, quelque chose vient de bouger. Peu à
peu, cela s'approche, la musique s'accelère, s'emballe, devient
stridente au fur et à mesure qu'elle envahit l'espace sonore pour
former une vision de cauchemar, seulement brisée par un silence
soudain. Une phrase de consolation (que l'on réentendra dans le
deuxième mouvement de la sonate suivante) arrive, mais se transforme
tout de suite pour rendre la place au chant initial. Celui-ci peu à peu
se délite, laissant son seul rythme conclure tandis que le Voyageur
semble s'enfoncer dans la nuit.
Même le scherzo,
inhabituellement virtuose et presque frivole, ménage un brutal
surgissement du mineur : dans cette sonate, le drame n'est jamais loin.
Le
thème enchanteur du finale provient du lied "Au Printemps" D822. C'est
une vision de paradis, naïve voire enfantine. Son bonheur parfait
s'épanouit encore dans le second thème, sur le rythme de dactyle favori
de Schubert, dans le parangon des "divines longueurs" : répété sans
cesse sous différents éclairages, il semble ne pas vouloir finir. Dans
le développement, le thème initial s'assombrit soudain, et débouche sur
une chevauchée noire et terrible au dessus d'un gouffre sans fond. Le
drame est encore conjuré par le retour du premier thème, plus naïf que
jamais, qui ouvre une réexposition intégrale. La coda, virtuose et
colorée, se conclut par de brillants accords rappelant le dessin du
thème du premier mouvement, projettant comme le bouquet final d'un feu
d'artifice ce merveilleux rêve de printemps.
Un
chant magnifique au médium de l'instrument, richement harmonisé dans le
grave, caressant et douloureux, hésitant et retenu au sol par cet
étrange trille en sol bémol, qui n'est pas un corps étranger mais bel
et bien un élément constitutif : le premier thème assume pleinement le
visage de Janus qui sera celui de toute la sonate, fantasque et ambigue
comme. C'est ce trille tellement insolite qui lance, par une modulation
magique en sol bémol majeur, une reprise transfigurée du thème : le
voici qui déploie ses grandes ailes et s'envole vers le ciel. Trop haut
sans doute : soudain l'air se raréfie pour le second thème, les lignes
musicales, épurées à l'extrême, deviennent squelettiques. Le troisième
thème ramène sur terre, de par son apparente bonne humeur qui fait
oublier son obsédant rythme dactylique. La reprise allonge
considérablement le mouvement, mais, si dans les deux sonates
précédentes son observation risquait d'interrompre l'élan que
l'exposition lançait vers le développement, elle est ici une extension
indispensable à l'équilibre du morceau, une impérative nécessité
structurelle et surtout psychologique.
Le troisième thème occupe
le devant de la scène dans le développement : repris à chaque fois de
façon plus inquiétante, grimaçante, il se réduit bientôt après un bref
sommet d'intensité à son rythme nu, citant littéralement le lied "Le
Voyageur". Le thème initial, de l'extrême aigu, apport peu à peu la
lumière, mais c'est le trille qui achève de ramener la musique à son
point de départ. La réexposition accentue encore le contraste entre la
beauté irradiante du chant du premier thème, et la désolation du
second. Dans une coda ralentie, le thème tente une dernière fois, sans
succès, de se propulser, finit en une douloureuse question : seul le
trille répond dans le silence pour conclure.
Le mouvement lent
passe pour être le plus beau morceau de piano de Schubert. Cette
réputation, pour toujours injuste qu'elle puisse paraître, n'est pas
usurpée. La première mesure plante le décor, un paysage de neige et de
ténèbres : au medium un chant désolé (en ut dièse mineur), dont les
phrases modulantes ne trouvent jamais le repos ; et, fixant le cadre,
couvrant tout l'ambitus utilisé par le morceau, un arpège qui introduit
aussi un pulsation, un peu de mouvement dans un monde glacé. Le jeu des
modulation jette bientôt une douce lumière en majeur, avant de
s'enfoncer graduellement dans la nuit. Le rythme de l'arpège permet la
transition avec l'épisode médian. D'abord hésitant, il propulse un
chant magnifique, dont il semble qu'on l'ait toujours connu : en la
majeur, c'est une réminiscence, plus qu'une citation stricte, du finale
de la sonate D959. Voici l'irruption du printemps, toujours plus haut,
plus près du soleil. Ce n'est pourtant qu'une vision fugitive, un rêve
sans fondement qui s'évanouit vite. L'hiver de la première partie
reprend ses droits, souligné à la basse par un rythme obsédant par sa
fixité. Piano, puis pianissimo, puis triple piano : la musique semble
vouloir s'éteindre dans le silence. La fin baigne dans la lumière
irréélle d'ut dièse majeur, comme si le rêve fusionnait avec le paysage
d'hiver : et le rythme de conclure.
Tout n'est pas fini
cependant. Le troisième mouvement nous ramène dans des près fleuris,
bien que l'inquiétude ne soit jamais loin. Enfin, se dresse le finale.
Il s'agit d'un sphynx musical. Un début en sol mineur, comme un
grotesque faux départ ; le deuxième thème chantant retrouve le soleil
du troisième mouvement. Soudain, par de vigoureux accords, la danse
macabre du finale de la sonate D958 fait irruption, suivi par un
développement dramatique accentuant le caractère théatral du premier
thème. Après la coda, d'abord hésitante puis éblouissante, un étrange
sentiment s'empare de l'auditeur. Qu'était-ce exactement ? On voudrait
pouvoir se réjouir que Schubert ait conservé jusqu'au bout une
certaine joie de vivre, mais ce finale est trop ambigu pour cela. Si la
dernière oeuvre de Schubert est vouée aux teintes du crépuscule, la
question de savoir s'il s'agit de l'aube d'une nouvelle journée ou d'un
prélude à la nuit reste douloureusement irrésolue.