Brahms : la musique orchestrale

Brahms

A l'exception du merveilleux Premier concerto pour piano, la musique orchestrale a été pour Brahms le fruit de la maturité et la récompense d'efforts incessants pour se rendre digne d'un genre sur lequel, plus que tout autre, pesait l'ombre immense de Beethoven. Peu d'œuvres donc, mais elles sont toutes majeures, atypiques aussi dans une fin de XIXèmes siècle qui a vu la naissance d'immenses fresques : voici une musique inspirée, au souffle épique affirmé, aux proportions amples mais sans excès ni boursoufflure, une recherche constante de sonorités colorées, mais sans vain éclat, dont on a souvent souligné l'aspect chambriste. Comme ailleurs chez Brahms, pas de démonstration : ici seule règne la poésie.

La musique concertante

Concerto pour piano n°1, en ré mineur, op. 15

Concerto pour piano n°2, en si bémol majeur, op. 83

Concerto pour violon, en ré majeur, op. 77

Double concerto pour violon et violoncelle, en la mineur, op. 102

La musique symphonique

Symphonie n°1, en ut mineur, op. 68

Symphonie n°2, en ré majeur, op. 73

Symphonie n°3, en fa majeur, op. 90

La plus belle peut-être des symphonies de Brahms, mais aussi la plus secrète. Le compositeur, usuellement si réservé dans les œuvres publiques et s'abritant volontiers derrière la perfection formelle de son art, a mis beaucoup de lui-même dans ce poème planant où l'on respire le parfum délicatement nostalgique des légendes qu'il aimait. La proximité avec les ballades op. 10 est réelle, ainsi qu'avec les "berceuses de ma douleur" que sont les dernières pièces pour piano. La richesse sonore de ce monde est incroyable, Brahms usant des alliages de timbres (entre cordes et cors, notamment) avec une science consommée du coloris et de la variation d'éclairage, comme s'il s'agissait d'une œuvre de musique de chambre pensée à une plus vaste échelle.

Le premier mouvement commence avec cette ambigüité majeur/mineur qu'on trouvera tout au long de la symphonie, un balancement qu'on trouvait par exemple dans l'évocation nostalgique des Dieux de la Grèce de Schubert. Car la majesté du début laisse vite la place au rêve du second thème, dans la trame duquel l'élan initial passe à l'arrière-plan, comme un souvenir. Le développement, vigoureux mais bref, confère à cet élan, dans de douces couleurs cuivrées, une grandeur teintée de mélancolie, que rehausse la modulation magique, durant la réexposition, entre le premier et le second thème. La longue coda, d'abord héroïque, s'éteint peu à peu jusqu'à un dernier geste d'adieu.

Avec le deuxième mouvement, on respire l'air frais du matin dans les grands espaces d'une nature légendaire. C'est un enchantement que d'entendre de nouveaux thèmes naître et s'élancer de tous les pupitres, dans un foisonnement de couleurs.  Par instants perce une pointe de mélancolie inquiète, de plus en plus insistante. L'envol de la flûte, à la toute fin, est in instant magique.

Le troisième mouvement a acquis une célébrité méritée. Dans sa structure et surtout dans son propos, il annonce les dernières pièces pianistiques. C'est une berceuse de l'âme, d'une intense nostalgie envers les jours enfuis à jamais. Le chant du violoncelle, puis du cor dans la reprise, est d'une infinie beauté et se mue dans les contrechants en plainte. Il faudrait toujours jouer ce morceau assez lentement, pour lui laisser exhaler tout son parfum automnal. La fin est d'une simplicité immense, laissant s'envoler un soupir poignant plein de regrets.

Exceptionnellement, le finale est en fa mineur. L'esprit légendaire est toujours là, mais il s'agit d'une balade sombre et inquiétante, une Gorge-aux-Loups brahmsienne (on pense aussi au finale de la Symphonie n°4 de Bruckner).  L'introduction, lente et menaçante, concentre la tension, qui éclate brutalement à la manière d'un orage. Au milieu de la tempête, dans un développement aussi bref que saisissant, on croit apercevoir dans les nuages quelque noire et fantastique chevauchée. Peu à peu, tout s'apaise. La montée vers la lumière est sublime. Une lumière bien douce d'ailleurs, comme un rayon de soleil couchant, dans un ciel encore noir, qui fait scintiller un rideau de pluie. Le retour du thème initial de la symphonie, à la fois grandiose et immatériel, sonne comme l'éveil d'un rêve, de cet immense rêve poétique.

Symphonie n°4, en mi mineur, op. 98


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